Reportage

Analyse de l’essai en première main de Damian Penaud

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Pour la plupart des supporters de rugby, le mot ‘Toulouse’ fait penser aux Rouge et Noir et ‘Jeu de mains, jeu de Toulousains’.

Pour la plupart des supporters de rugby, le mot ‘Toulouse’ fait penser aux Rouge et Noir et ‘Jeu de mains, jeu de Toulousains’.

Ce week-end à Twickenham, en revanche, ‘Toulouse’ voulait signifier autre chose. C’était le lancement de jeu qui a fini avec Damian Penaud dans l’en-but.

Un essai en première main, conçu par Laurent Labit, l’entraîneur de l’attaque des Bleus.

S’il n’est pas le membre du staff le plus célèbre, l’ancien arrière a un palmarès impressionnant, champion de France en tant que joueur avec Castres, et à deux reprises en tant qu’entraîneur, de nouveau avec les Tarnais, puis avec le Racing 92.

Et après avoir vu son chef d’œuvre exécuté de manière parfaite, Labit est revenu sur le lancement dans les colonnes du Midi Olympique.

D’abord, rappelons-nous du contexte. Après une demi-heure, les Bleus étaient menés 13-10 et venait de récupérer une touche à l’entrée des 22 mètres anglais. C’est à ce moment que les Bleus ont choisi la combinaison ‘Toulouse’.

Labit a expliqué : « Nous avions remarqué que sur touche, un avant anglais reculait à dix mètres pour protéger George Ford, un point sensible sur le plan défensif du XV de la Rose. À ce moment-là, le relayeur (Tom Curry), plutôt que de verrouiller en fond d’alignement, se mettait au milieu ou devant. Avec un lancer laser tel que l’a fait Julien Marchand, on savait donc que nous serions avant eux sur la réception du ballon. »

Comme on voit sur ce premier image, Luke Cowan-Dickie a reculé pour se mettre au même niveau que George Ford, tandis que Tom Curry se trouve au niveau du milieu de la touche en tant que relayeur, plutôt qu’au fond.

Sachant que les Bleus seront forcément premiers sur un lancer long, Marchand envoie le ballon jusqu’à Gaël Fickou qui arrive lancé.

À partir de là, Fickou a plusieurs options. Teddy Thomas est à son intérieur, et sa course monopolise l’attention de Cowan-Dickie et Curry, tandis que Fickou peut porter le ballon lui-même. Mais il choisit la passe dans son dos pour Antoine Dupont, qui a glissé après la touche.

Maintenant, les Bleus ont une moitié de terrain qui se présente, et l’espace est encore plus grande grâce à Virimi Vakatawa qui arrive en leurre, un autre aspect que les Français avaient vu à la vidéo.

Labit a ajouté : « Les espaces libres se trouveraient alors sur les extérieurs, puisque tout avait été mis en œuvre par les Anglais pour protéger George Ford au milieu de terrain, avec un avant d’un côté et Owen Farrell, de l’autre. Surtout, on avait remarqué que Henry Slade (l’autre centre) tournait volontiers les épaules vers l’intérieur, ce qui a permis à Virimi (Vakatawa) et Matthieu Jalibert de créer un déséquilibre sur l’extérieur. Et à Damian Penaud de marquer… »

Labit a raison puisque Slade tourne ses épaules vers l’intérieur pour être en place si Dupont sert Vakatawa.

Mais Dupont privilégie la passe pour Jalibert, qui porte le ballon à deux mains pour semer le doute dans la défense. Quand il reçoit le ballon c’est un trois-contre-trois, mais Owen Farrell et en retard sur l’ouvreur.

Avec sa vitesse, il fonce dans l’espace et tient le ballon le temps d’obliger Jonny May d’abandonner Brice Dulin et prendre un pas vers l’intérieur. Le décalage est fait, et Jalibert en profite pour envoyer la passe sautée pour Penaud, qui n’a plus qu’à aplatir dans l’en-but.

Voilà, un essai en première main, conçu par Laurent Labit, et réalisé de manière parfaite non seulement par les cinq joueurs qui ont touché le ballon, mais aussi Thomas et Vakatawa en leurre.