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SAFI N'DIAYE, UN CRUNCH PAS COMME LES AUTRES !

N'DIAYE
Du haut de ses 91 sélections en équipe de France et de ses 12 Six Nations disputés, Safi N’Diaye a vécu des Crunchs dont certains resteront gravés à jamais dans sa mémoire.

L’ancienne joueuse originaire de Castres a eu la gentillesse de nous livrer le récit de sa première victoire contre les Red Roses. C’était lors du Tournoi de 2013.

« Le Crunch, c’est toujours un match particulier. Le France – Angleterre du Tournoi des Six Nations a une saveur, une odeur différente. En ce 23 février 2013, je ne suis internationale que depuis un an. J’ai fait mes débuts sous le maillot Bleu et entonné ma première Marseillaise lors du Six Nations 2012 contre l’Écosse au stade Bridgehaugh de Stirling. On l’avait d’ailleurs emporté 0 à 23.

Je joue alors avec le club du Montpellier RC qui évolue en Top 10, actuel Élite 1. Le rugby féminin est encore loin d’être développé. Les contrats professionnels n’existent pas. En parallèle du rugby, je dois travailler. Je suis éducatrice spécialisée.

Ce match du Six Nations 2013 est particulier pour moi parce que c’est un match de premières. C’est tout d’abord mon premier match à Twickenham, dans une enceinte mythique du rugby international. C’est le genre de stade où je n’imaginais jamais jouer, que je ne voyais qu’à la télé. Affronter les Anglaises à Londres, c’était donc un rêve qui devenait réalité.

Gagner mon premier match contre les Red Roses à Twickenham, c’est une sensation absolument indescriptible. Ce jour-là, l’équipe, emmenée par notre capitaine Marie-Alice Yahé, avait réalisé une performance de haute voltige. Nous étions déchaînées et la machine Bleue était parfaitement huilée. À la mi-temps, nous menions 10 à 18. Habituellement deuxième ligne, Christian Galonnier m’avait replacée au poste de numéro 8.

À la 35e minute, je réceptionnais une passe de Marie-Alice Yahé, trouvais l’intervalle, et marquais. C’était mon premier essai international ! Un moment inoubliable qui a d’abord laissé place au doute. L’arbitre de la rencontre, Cammy Rudkin, avait fait un long appel à la vidéo. J’étais sûre de moi. Après de longues secondes de tension, je pouvais enfin laisser éclater ma joie.

Un jour de première aussi parce qu’après avoir brillé collectivement et individuellement, en inscrivant mon premier essai, j’étais sanctionnée d’un carton jaune en fin de rencontre (67’). Les Red Roses lançaient alors leurs dernières forces dans la bataille pour tenter de revenir au score. Sensation horrible que de devoir abandonner ses coéquipières si près de la victoire.

Après la déception du carton jaune, la joie de décrocher avec mes amies ma première victoire contre les Anglaises au sein d’un stade extraordinaire. Nous avions fait de Twickenham notre exutoire. Cerise sur le gâteau, j’étais également élue Femme du Match pour la première fois sur la scène internationale.

L’année suivante, nous remportions le Grand Chelem dans le Six Nations en battant les Anglaises 18 à 6 au Stade des Alpes de Grenoble. Sûrement vexées d’avoir enchaîné deux revers consécutifs contre nous, les Red Roses s’étaient bien vengées en remportant la Coupe du monde en France.

Cette année, je serai présente à Chaban Delmas pour encourager les filles lors de la dernière journée de ce Six Nations Féminin 2024. J’espère évidemment, que ce Crunch sera un match de finale, ce qui rajouterait du piquant à la rencontre. Avec les copines vainqueures du Grand Chelem en 2014, nous nous retrouverons au stade, à Bordeaux, pour fêter les dix ans du titre. J’espère que les joueuses mettront fin à l’hégémonie anglaises dans la compétition et remporteront un nouveau Six Nations après celui de 2018 ! La soirée en serait d’autant plus belle. »