L’Afrique du Sud a offert aux Bleus un match très engagé, confirmant la résistance et l’intensité redoutées sur la pelouse du Stade de France samedi 8 novembre, celle-là même sur laquelle ils avaient été sacrés par deux fois champions du monde (2007 et 2023). Malmenés, bousculés, les Springboks ont finalement su renverser le cours d'un match qui leur échappait dans le dernier quart d'heure d'une rencontre virile.
Condamnés à jouer à 14 pendant la totalité de la seconde période suite au carton rouge de Lood de Jager consécutive à un plaquage dangereux à l’encontre de Thomas Ramos (39e), les Sud-Africains ont su s'adapter et profiter de l'indiscipline des Français (13 pénalités à 7 et un carton jaune pendant lequel deux essais ont été marqués) en infligeant une nouvelle défaite frustrante, deux ans après avoir brisé le rêve des Bleus à leur Coupe du Monde de Rugby sur le même terrain.
Un doublé de Damian Penaud (à chaque fois magnifiquement servi par Thomas Ramos), les percussions d'Anthony Jelonch, les ballons bonifiés de Paul Boudehent et Thibaud Flament… n’ont pas suffi à stopper la machine de guerre de Rassie Erasmus, même si la performance servie par les Bleus était de très haut niveau (mise à part le secteur de la mêlée qui a chuté jusqu'à un misérable 33% de réussite).
Damian Penaud est devenu le meilleur marqueur d’essais de l’histoire du XV de France à la 4e minute de jeu lorsqu’il a pris les Sud-Africains à leur propre jeu, soit une réception d’un jeu au pied parfaitement dosé de l’arrière Thomas Ramos. Une belle action qui envoyait un message aux Springboks : on a lu votre jeu et on est prêt à jouer à armes égales.
Mais très vite, l’avance s’est réduite à peau de chagrin avec deux pénalités passées cliniquement par le redoutable Sacha Feinberg-Mngomezulu (9e, 12e). Les rappels à l’ordre de l’arbitre australien Angus Gardner au capitaine Fickou devaient appeler les Bleus à se maîtriser après avoir sifflé cinq pénalités dans le premier quart d’heure.
Après une incroyable passe de 20 mètres, Damian Penaud alourdissait encore plus son record (26e) juste avant que l’ancien Montpelliérain Cobus Reinach n’inscrive l’un des plus beaux essais de ce début de fenêtre internationale : un ballon ramassé, deux défenseurs bleus battus, un petit par-dessus pour échapper à Penaud, une petite course et un rebond avant que le demi de mêlée de Bloemfontein fasse la planche dans l’en-but. La transformation de Feinberg-Mngomezulu remettait le score à un point d’écart à la pause (14-13).
À la pause, les Bleus avaient déjà montré leurs intentions, coupant clairement avec la stratégie de dépossession si chère à l'ère Galthié 1 : 61% de possession et deux fois plus de passes en première période, tandis que les Springboks affichaient un étonnant 25% de plaquages manqués (15% pour la France). L'entrée des trois-quarts du banc tricolore à la 47e obligeait Erasmus a vider le sien pour faire face.
À l'heure de jeu, Ramos redonnait un peu plus d'air aux Français (17-13) après dix minutes de faux rythme. Le carton jaune à l'encontre de Louis Bielle-Biarrey pour en-avant délibéré (63e) rééquilibrait les débats à 14 contre 14, donnant une belle opportunité aux Boks de marquer sur ballon porté (17-18), puis par Grant Williams profitant d'une mauvaise connexion dans la défense des Français (17-25) à dix minutes de la fin. Deux essais qui faisaient regretter les quelques occasions d'essais que les Bleus n'avaient pu concrétiser plus tôt.
Un ultime essai de Sacha Feinberg-Mngomezulu (76e) plantait le dernier clou sur toute possibilité pour les Français de revenir au score. Après avoir mené le match pendant la majorité du temps (62 mn contre 17), les Français s'inclinaient 17-32.

